Brin-sur-Seille
Sur le chemin de l’étang de Brin
C’est rituel. Se garer sur la place à Brin-sur-Seille, descendre de la voiture avec un petit sourire, me baisser, mettre mes lacets -je ne les mets que si je dois marcher pour de vrai, sinon j’ai gardé mes mauvaises habitudes d’ado. Remonter la rue, attendre que ça se transforme en chemin carrossable. Continuer, quelle que soit la saison, jusqu’à la forêt. Persister jusqu’à l’étang. S’installer aux abords immédiats, et profiter. Et réserver un bourre-pif au passant ou au camarade qui l’ouvrirait, brisant l’instant avec la grossièreté de ses décibels superflus.
Forêt d’Amance: quand on cherche, on trouve
Ça fera sûrement l’objet d’un billet plus développé, ces trouvailles. Parce que la jolie forêt d’Amance et de Brin un peu aussi, on s’y frita gentiment début septembre 1914, en particulier autour du 7, avant que les Allemands ne décident que de se retrancher sur un Grand Couronné de Nancy, soit sur des collines comme à Amance, c’était vraiment pas du jeu de la part des Français. Ils refranchirent donc la Seille bredouilles, vexés, et jurant qu’on ne les y prendrait plus sauf partout ailleurs, pour s’établir sur une ligne Bioncourt-Moncel. Et pour y rester quatre ans, à se regarder en chiens de faïence avec les Français. Le secteur a toujours été «calme» par la suite. Le no man’s land faisait plusieurs kilomètres de large, on n’y lança point de grandes attaques, on s’installa durablement. Calme, c’est somme toute relatif: bien sûr, les patrouilles en profondeur, les coups de main, les bombardements épars, les affrontements de petits groupes autour de l’établissement de passerelles sur la Seille entre Brin et Bioncourt, tout ça fit des morts, des blessés, des veuves et des orphelins. Pendant quatre ans.
La forêt de Brin et d’Amance, juste à l’arrière des lignes françaises, fut donc très occupée par les Français. Et quand on s’y promène, on y trouve de tout: puits, citernes, abris bétonnés, tranchées inondées ou pas, emplacements de canons de marine (de 164mm si tu veux tout savoir), talus témoignant de la présence de «villages nègres» comme on appelait ces constructions en bois parfois fort coquettes… des traces d’une vie intense sous le couvert forestier.
Dont voici quelques rapides exemples.
(on tombe aussi en pleine forêt, dans un coin relativement perdu à proximité de la tranchée Maître Jean, sur la «tombe» d’André Giroux, victime du conflit suivant. Nous ignorions l’existence de cette croix, et nous ignorons son histoire: si par hasard un passant virtuel sait m’en dire plus, je ne suis pas contre…)
- Cambrousse
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Encore plein d’automne, d’Amance à Bouxières, de Dommartin à Laître
Des photos prises sur ces quinze derniers jours, qui ont apporté un concentré d’automne souvent sidérant.














Au fond de la forêt de Brin
J’te baratinais hier avec mon Décembre, mais c’est vrai aussi que l’automne avancé et l’hiver sont les deux saisons qui me donnent le plus l’envie d’aller baguenauder dès que j’ai un moment de libre (et très ponctuellement j’en ai pas mal). En ce moment je suis très forêt. Et très forêt de Brin, qui plus est.