Tu as beau le savoir, que la neige elle ne va pas tenir, tu as beau avoir l’air con, si elle tient, pour rentrer dans ta campagne, tu as beau savoir que si ça tient, ça fera vite de la boue infecte dans la ville, que des gens vont glisser et se péter le bassin en huit, que des gens vont avoir froid dehors ce soir, qu’il va falloir pelleter devant chez toi ce soir, et aussi devant chez les petits vieux d’à côté vu qu’ils sont vieux, tu as beau être plus proche des quarante piges que des trente, tu as beau être supposé professer le cynisme, être revenu de tout, ne plus croire en rien, et ne plus t’émerveiller de rien, en bon pragmatique, responsable, réaliste, raisonnable et sans imagination…
… mais y’a pas, quand la neige se met à tomber à gros flocons serrés sur la ville, tu abandonnes séance tenante l’activité en cours et les gens avec qui tu te trouves pour aller faire des petits bonds devant la fenêtre, et pousser des petits cris stupides depuis le balcon. C’est automatique. Pavlovien.
Pourvu qu’ça dure.