Alors… ce titre. Bon. Je ne sais pas si il a un intérêt particulier, mais comme j’ai quand même un problème très sévère avec les expressions marketing de type « Nancy Grand Cœur » (ah ah ah), par contraste, ça me faisait plaisir. Et puis, l’hyper centre de Nancy, faut quand même dire qu’il est gros cul, un peu. Après, moi, ça me gêne pas, bien au contraire, même, les jours de soleil froid, ça lui donne une certaine gueule minérale qui ne manque pas de classe, quand on se recule un peu. Ou quand on prend du recul. Peut-être bien les deux. Autant Nancy Grand Cœur, j’ai l’impression qu’on parle pas de ma ville, ou qu’on essaye l’air de rien de me vendre un truc pas clair, avec un côté police du goût, autant Nancy Gros Cul, ça me cause, ça me plaît, ça pue, c’est sale, rebondi, incontrôlable: c’est vivant et c’est ce que je connais. C’est une ville. C’est ma ville. C’est le Nancy que j’aime, parmi d’autres. D’ailleurs, Nancy Gros Cul, c’est pour assouvir mes besoins scatophiles, hein. En vrai, c’est Nancy Gros Bide. C’est le ventre de la ville, l’expression qui correspond plus à ce que je veux raconter. La ville qui grouille, qui s’écoule, qui suinte, viscérale, pour le meilleur et pour le pire, cette part de densité humaine chaotique et hors de contrôle, qui échappera toujours à toute politique urbaine, urbanistique, sociale et architecturale. La part des anges, peut-être. Celle que ne génèrent pas encore les ARTEM et autres centres des congrès, toutes ces bondieuseries clinquantes, trop neuves pour être usées, marquées, lisibles: il faudra du temps pour que les humains tordent tout ça. Tu me diras, dans trente ans, quand les projets architecturaux eugénistes et nécessaires d’aujourd’hui seront devenus déglingués et immondes faute d’entretien, de pognon, de pérennité des institutions et des matériaux, voire faute de goût, y’a moyen que ça commence à bien me plaire. Le temps long, Dark Braudel, l’École gothique des Annales, Goubert le punk, tout ça. Vive la crise, quoi.
